Dans la plupart des cas, le traitement de référence pour enlever un tatouage est la technique du laser. Plus rarement, une excision chirurgicale peut être nécessaire.
Le laser est-il efficace pour tout le monde ?
Dans la plupart des cas, le laser est capable de supprimer un tatouage. Cependant, chez certains patients, il peut être impossible d'enlever toute l'encre du tatouage. Parfois des couleurs claires peuvent virer au noir juste après le traitement laser. Si cela se produit, le noir peut habituellement être enlevé par d'autres séances.
Le dermatologue peut effectuer un test sur une petite zone afin de juger de la réaction.
Combien de séances sont nécessaires ?
Le nombre de séances nécessaires varie selon la taille du tatouage et ses couleurs. Un seul laser ne peut enlever toutes les couleurs, différents lasers sont nécessaires selon les couleurs. Certaines couleurs sont plus difficiles à faire disparaître que d'autres.
Chaque séance est espacée de la suivante de 2 mois minimum.
L'exposition solaire de la surface traitée doit être interdite 2 mois avant la séance et un mois après.
Le traitement laser est-il douloureux ?
Comme n'importe quel traitement laser, le traitement des tatouages peut être douloureux, selon la susceptibilité de chacun. Une crème anesthésiante peut être appliquée avant la séance, pour le confort des patients car ils ressentent d'abord comme des coups d'élastique, puis des piqûres ou des coups d'aiguilles, puis des brûlures parfois intenses.
Quel est le délai de récupération ? A quoi je ressemblerai après la séance ?
La peau vire au blanc juste après le traitement, pendant environ 10 à 15 minutes. On observe habituellement une rougeur, un saignement superficiel, et un gonflement après la séance qui disparaissent en une semaine environ. Les suites sont simples avec application de crèmes cicatrisantes. Il apparaît un piqueté hémorragique avec formation secondaire d'une croûte. La cicatrisation demande environ 6 jours. Il est déconseillé pendant cette période de prendre des bains prolongés.
Quel est le coût de ce traitement ?
Le coût du traitement dépend de nombreux facteurs : la taille et la couleur du tatouage, le nombre de séances nécessaires et les honoraires du praticien.
L'examen attentif du tatouage permet de préjuger du nombre de séances à prévoir.
Le détatouage au laser est-il remboursé par la sécurité sociale ?
Considéré comme esthétique, le traitement laser des tatouages n'est pas remboursé par l'Assurance Maladie. Il n'y a pas à ce jour de codification de remboursement par la Sécurité Sociale pour le traitement des tatouages par les lasers.
Certains tatouages accidentels et thérapeutiques peuvent être pris en charge.
A partir de quel moment peut-on effacer un tatouage ?
Quand celui-ci a acquis son aspect définitif. Il faut attendre au moins 3 mois après sa réalisation.
Qui peut bénéficier d'un détatouage au laser ?
Toutes les personnes de tous les âges. Mais on préconise d'attendre la majorité légale afin d'éviter tout litige avec la famille
Tous les phototypes de peau avec le laser YAG QS de longueur d'onde 1064 nm, et les phototypes de 1 à 3 avec les lasers de Ruby Q-Switched.
Les femmes enceintes ne constituent pas une contre-indication.
Quelles localisations sont accessibles au détatouage laser ?
Toutes les zones sont accessibles aux lasers de type Q-Switched.
Il n'a jamais été décrit de chéloïde secondaire à des traitements par lasers QSwitchés sur les régions à haut risque (sternum) ou présentant déjà des chéloïdes, même sur une région traitée par laser Co2 ayant entraîné des chéloïdes.
Le traitement par laser Q-Switched n'entraîne pas de phénomène de Koebner (réactivation d'une dermatose sur une zone traumatisée, par exemple sur une cicatrice) : une plaque de psoriasis sur un tatouage en cours de traitement ne s'aggrave pas.
Pour le traitement des paupières, des coques métalliques protectrices sont obligatoires afin d'éviter tout risque oculaire.
Quelles sont les contre-indications au détatouage laser ?
- Infectieuses : on ne traite pas au laser une région qui est le siège d'une infection évidente, staphylococcique, herpès, candida albicans… Un traitement est nécessaire avant de débuter le laser.
- Le bronzage de la région tatouée est une contre-indication absolue car le risque d'hypochromie définitive est élevé. Il faut attendre 2 mois après une séance avant de pouvoir exposer au soleil la région traitée. Passé ce délai, le bronzage du tatouage en cours de traitement aidera à l'effacement des couleurs, sans que l'on ait d'explication.
- L'allergie : plus souvent décrits avec les tatouages rouges, des phénomènes d'œdème de Quincke ont été publiés lors des séances de détatouage chez des patients allergiques à leur propre tatouage
Quels sont les effets secondaires possibles du détatouage au laser ?
Il s'agit essentiellement de dyschromies à type d'hypochromies (taches plus claires), plus fréquentes avec les lasers Ruby, parfois permanentes. Des hyperchromies (taches plus foncées) transitoires sont parfois observées avec le laser YAG.
Un aspect de flétrissure ou « frisure » de l'épiderme est d'autant plus fréquent que l'intervalle de 2 mois entre chaque séance n'a pas été respecté ou que les fluences ont été trop fortes.
Un tatouage fantôme peut être observé si l'épiderme avait été auparavant traumatisé par le tatouage, ce qui entraîne un aspect velouté de la peau, caractéristique des tatouages professionnels très denses et très noirs, comme les bracelets de type Maori autour du bras.
Nous avons observé deux cas d'épisode d'œdèmes récidivants sur la zone détatouée lors d'un contact avec le froid. L'œdème reproduit les contours du tatouage sans que nous ayons d'explication.
Combien faut-il de séances laser pour un détatouage ?
Plus le dessin est dense, plus les traits sont pleins, plus le pigment est profond, plus le nombre de séances sera élevé. S'il est multicolore, le traitement nécessite l'intervention de lasers Q-switched différents.
Les pigments carbones s'effacent rapidement. La discontinuité du trait, son hétérogénéité sont en faveur d'un détatouage rapide.
Les tatouages par piquage, à main levée, à l'arraché, avec une aiguille ou par scarification sont des tatouages superficiels qui s'effacent en une à 3 séances, de même que les tatouages amateurs auto-infligés. Plus le nombre d'aiguilles utilisées a été grand (attachées sur un bouchon de liège par exemple) plus le nombre de séances augmente.
Un tatouage monochrome professionnel peut s'effacer plus rapidement qu'un tatouage amateur. L'ancienneté d'un tatouage n'influe pas sur sa réponse au traitement s'il est resté sombre et dense.
Quel sont les types de laser utilisés pour le détatouage ?
Les lasers pigmentaires sont définis comme étant des lasers capables d'effacer les pigmentations naturelles, comme la mélanine (composant responsable de la couleur de la peau), ou artificielles, comme les tatouages, sans altération de la surface traitée. Dans cette interaction « laser-pigmentation », la cible est le mélanosome (petit sac contenant la mélanine) dans les pigmentations brunes naturelles et le pigment coloré artificiel dans les tatouages.
Quel est le principe de fonctionnement des lasers pigmentaires ?
Le mode d'action de ces lasers repose sur le principe de la « photothermolyse » sélective, ce qui signifie qu'il y a destruction de la cible choisie par les photons du faisceau laser, sans atteinte des structures avoisinantes. (Les photons ne détruisent qu'une cible particulière selon leurs caractéristiques)
Ce phénomène est possible grâce :
- au choix de la longueur d'onde du laser qui doit être spécifique au pigment cible.
- à la durée de l'impact du laser qui doit être très bref.
- enfin, grâce à une énergie libérée très importante lors de la rencontre cible-laser. Il se produit une véritable « explosion » du pigment.
La famille des lasers « Q-switched » (QS) répond à ces 3 critères. Leurs différentes longueurs d'onde leur permettent d'atteindre la cible avec des puissances de l'ordre du mégawatt (1000 watts) en des temps ultra-brefs, quelques nanosecondes.
Ce n'est qu'en 1994 que les premiers lasers Q-switched furent homologués puis commercialisés en France, alors qu'ils sont utilisés aux USA depuis 1990.
Le tatouage, du mot tatau qui signifie frapper en polynésien, est l'incrustation dans la peau à des profondeurs variables d'un pigment dont la taille et la nature chimique le rendent quasiment permanent et influeront sur sa réponse au traitement laser.
Jusqu'en 1994, le traitement des tatouages en France ne pouvait être réalisé que par des techniques qui entraînaient des dommages épidermiques plus ou moins prononcés : cicatrice de chirurgie d'exérèse, chéloïde ou cicatrice hypertrophique après laser Co2, hypochromie (tache plus claire) après dermabrasion, peau gonflée…
C'est avec les lasers Q-switched que sont enfin proposés des effacements de couleurs sans rançon cicatricielle. Mais bien que la technologie des lasers Q-switched soit actuellement au point, les résultats du traitement ne sont pas magiques. Il nécessite des séances répétées sur le même tatouage qui au fil du temps va se « décolorer » progressivement. Chaque séance doit être espacée d'au moins 2 mois pour permettre la digestion macrophagique (macrophages = petit organite de notre système immunitaire qui permet l'élimination des déchets). Ceci va nettoyer les couches de « pigments explosés » et laisser ainsi les pigments sous-jacents intacts, accessibles aux impacts lasers suivants.
La classification des tatouages
- Les tatouages rituels
- Les tatouages accidentels
- Les tatouages amateurs
- Les tatouages professionnels
- Les tatouages iatrogènes
- Les tatouages esthétiques
Les tatouages rituels
Les tatouages rituels ornementaux dans le Maghreb sont pratiqués sur le front, le menton, les poignets, les chevilles, les mains et les pieds des fillettes d'une dizaine d'années à l'aide d'un objet pointu (aiguilles de bois ) qui incruste des particules de charbon, minéraux bleus noirs, bruns… Ils s'effacent en 1 à 3 séances.
Les tatouages rituels africains (Mali, Zaïre) barrent verticalement le front des fillettes jusqu'à la racine du nez. Leur effacement est bien plus difficile. Le pigment incrusté à l'aide d'un bâtonnet est un mélange de poudre de plantes et de cacahuètes. Il est déconseillé d'utiliser un laser Ruby qui risque de laisser des hypochromies(taches plus claires que la peau) définitives sur les phototypes V (peau noire). Seul le laser Nd YAG donne de bons résultats en 5 à 6 séances.
Les tatouages accidentels
Les tatouages accidentels sont dus à l'incrustation dans la peau de particules de bitume, goudron, gravier, bleu noir, lors d'accidents de la voie publique ou de poudre de fusil, pétards, feux d'artifices lors d'accidents de manipulation. Ils s'effacent en 1 à 3 séances évitant ainsi des cicatrices supplémentaires à ces patients souvent polytraumatisés et subissant de nombreuses interventions chirurgicales.
Les tatouages amateurs
Les tatouages amateurs, généralement monochromes, sont réalisés à l'aide d'une ou plusieurs aiguilles et de l'encre de Chine, du cirage, du charbon de bois, de la cendre de cigarette…, le plus souvent par les patients eux-mêmes. La profondeur des pigments variant d'une zone à l'autre les séances de détatouage laissent des taches inhomogènes avant le résultat définitif en 2 à 7 séances.
Les tatouages professionnels
Les tatouages professionnels artistiques sont reconnaissables par la précision des dessins, leurs caractères denses et polychromes. Ils nécessitent souvent l'intervention de différents lasers Q-switched pour obtenir un effacement total. On ne parle plus de « prix » mais de durée du traitement puisque selon la nature chimique, la densité, la profondeur du pigment, on peut avoir besoin de 3 à 10 séances voire plus.
Certains pigments ne s'effaceront jamais comme les laques acryliques, d'autres s'effacent mal comme les jaunes ou les turquoises.
Un tatouage « fantôme » peut persister lorsque les couleurs sont effacées à la fin du traitement, l'épiderme en regard est boursouflé. Ce résultat est prévisible à l'inspection du tatouage lors de la première consultation, il peut-être annoncé au patient.
Les tatouages iatrogènes
Les tatouages iatrogènes sont provoqués lors de gestes médicaux :
- En cas de carence en fer, on en injecte dans le muscle. Il arrive qu'une partie diffuse en dehors du muscle, créant ainsi une tache bleue, noire, inesthétique. Elle s'efface difficilement après 5 à 7 séances.
- Les tatouages après injections de corticoïdes par dermojet s'effacent en une séance sans risque de chéloïde supplémentaire.
- Les tatouages pour centrages radiothérapiques sont très profonds. Le laser est dans ce cas moins indiqué que la chirurgie, qui laissera tout de même une cicatrice discrète.
Les tatouages esthétiques
Les tatouages esthétiques ou dermopigmentations sont pratiqués à l'aiguille ou au dermographe par des esthéticiennes ou des médecins pour des maquillages dits permanents : contour des lèvres, eye liner, dessins d'aréoles mammaires après traitement chirurgical de cancer du sein ou mammoplastie.
Ces tatouages ne sont pas des indications des lasers Q-Switched lorsque la couleur est brune, rouge, brique ou couleur chair. En effet, ces couleurs contiennent des pigments ferriques qui sous la chaleur intense du flux laser se réduisent en oxyde ferreux alors responsable d'un virage noir transitoire. On pourra effacer la couleur avec le laser Erbium YAG ou bien continuer les traitements au Q-Switched jusqu'à effacement. .
En revanche, les sourcils trop noirs ou bleu-vert sombres s'effaceront comme les tatouages amateurs.
Conclusion
Les lasers Q-Switched permettent d'effacer la plupart des tatouages sans cicatrice résiduelle. Selon le type de tatouage, le nombre de séances est variable :
- accidentel, rituel, iatrogène : 1 à 3 séances
- amateur : 2 à 6 séances
- professionnels : 3 à 10 séances et plus
- esthétiques bruns briques ne sont pas des indications des lasers Q-Switched : on obtient de bons résultats avec le laser erbium
Certains colorants (laques acryliques) ou certaines couleurs (jaune, violet) résistent aux lasers Q-Switched actuels.